L'éléphance (Rémo Gary / Michel Sanlaville)
J'ai la mémoire du pachyderme
Je sais, pour arriver ici
Je sais de quelle nuit, de quel germe
De quelle trompe, je suis sorti
Qu'elle était belle l'éléphance
Qu'il était doux mon coin de peau
C'était mes premières vacances
Au bord d'ma mère dans l'eau
Je sais que je fus petit d'homme
Jumbo sans défenses et sans plis
Bébé, patapouf, bibendum
J'avais encore peur des souris
(refrain)
Je n'craignais dans mon placenta
Ni braconnier ni safari
Lorsque ma mère m'éléphanta
Je barrissais mon premier cri.
(refrain)
Je fus Moogli, enfant sauvage
Petit macaque, ouistiti
Je jouais aux jeux de mon age
Loup y es-tu, enfant Yéti
Maintenant loin d'être un ectoplasme
Si j'ai des défenses, et des plis
Si j'ai quelques éléphantasmes
C'est que j'ai moins peur des souris
(refrain)
Quand je deviendrai mastodonte
Au cimétière de l'éléphance
J'irai m'endormir sans honte
Si je finis bien mon enfance
Qu'elle était belle l'éléphance
Qu'il était doux mon coin de peau
.................................... dans l'eau
Dans tes petits papiers (Rémo Gary / Jean Pierre Caporossi)
Je suis dans tes petits papiers
Je suis dans mes petits souliers
Et je fais des pattes de mouche
Je m'épanche tout doucement
Et je mets du noir sur du blanc
Jusqu'à la dernière cartouche
Je suis dans tes petits papiers
Des mots d'amours polycopiés
Sortent constamment de ma bouche
J'écris sur du papier bavard
Ça bave un peu sur le buvard
Et l'encre fait du bouche-à-bouche
Je suis dans tes petits papiers
Lorsque je reçois ton courrier
A la fin de l'envoi ça touch, ça
Je te bise et à tout bientôt
Que je repasse au magnéto
Dans ma tête, quand tu découches
Je suis dans tes petits papiers
Je suis scotché, je suis collé
Sur la glu d'un papier tue-mouches
Sur du vingt et un vingt-neuf sept
Je rature et je tourne sept
Sept fois les mots dans ta bouche
J'aborde un bateau de papier
Je vais jouer les flibustiers
Je suis Cartier, je suis Cartouche
Dans l'eau de mon Clairfontaine
Il me vient une idée soudaine
Quand je te vois nue sous ta douche
Je dors dans tes petits papiers
Sous la couverture du cahier
Tu laisses la parole aux mouches
Il est cinq heures et je m'obstine
La page blanche a mauvaise mine
Il vaudrait mieux que me couche
J'étais dans tes petits papiers
Mais nous nous sommes chiffonnés
Alors je reste sur la touche
Je reste là sur le carreau
On m'a confisqué mon stylo
Retiré l'amour de la bouche
J'étais dans de tes petits papiers
Une corde sensible a cassé
Sur ma guitare de manouche
Je jette mon ancre de chine
Le bateau coupe sa machine
Il me manque en rime en bouche
La rue du monde (Rémo Gary / François Forestier)
On est tous logé à la rue du monde
On est six milliards sur le grand plateau
Un soleil pour tous, un seul grand projo
Pour nous éclairer la machine ronde
On est tous logé à la rue du monde
On rêve la nuit dans la même langue
Le jour distribue son recto verso
La lune lancée comme un boomerang
Nous est renvoyée par nos frères jumeaux
On est tous logé à la rue du monde
On est six milliards sur le grand plateau
Un soleil pour tous, un seul grand projo
Pour nous éclairer la machine ronde
On est tous logé à la rue du monde
La couleur c'est vrai fait la différence
Mais c'est la caresse qui fait la peau
L'espèce n'a aucune espèce d'importance
Je t'aime partout c'est le même mot
On est tous logé à la rue du monde
On est six milliards sur le grand plateau
Un soleil pour tous, un seul grand projo
Pour nous éclairer la machine ronde
On est tous logé à la rue du monde
Comme les paumés, voleurs de mégots
Le roi, pour s'asseoir, n'a guère que son cul
On est tous pareils, on est tous légaux
Du fond de la terre au bout de la rue
On est tous logé à la rue du monde
On est six milliards sur le grand plateau
Un soleil pour tous, un seul grand projo
Pour nous éclairer la machine ronde
On est tous logé à la rue du monde
Enfants de la boule, enfants de la balle,
Puisqu'on est pareil, puisqu'on se ressemble
On va partager, le ciel, les étoiles
Et on gardera les cochons ensemble
On est tous logé à la rue du monde
Sous le tissu (Rémo Gary / Jean François Baëz)
Sous le, sous le tissu
Entre elle et le, drap de dessus
La où, mes mains trouvent une issue
Sous le coton où mon, cœur
A son mousqueton
Là où sa peau devient moussue,
Sous le, sous le tissu
Là où son corps devient fessu
Là où, son dos devient cossu,
Là où sous le coton,
L'amour est glouton
Où ma bouche se fait sangsue,
Quand je regarde à ton insu
Tes seins valser sous le tissu
Sous ton jean en coton
Dansent deux mamelons
Quand, tu fais des huit avec ton cul,
Sous le, sous le tissu
Où tu me trouves, un peu ossu
Où je te trouve un peu cuissue
Sous le coton où l'on a
Fait nos rejetons
Sous la toile où l'on a concu
Quand je regarde à ton insu
Tes seins valser sous le tissu
Sous ton jean en coton
Dansent deux mamelons
Quand, tu fais des huit avec ton cul,
Sous le, sous le tissu
Parfois comblé, parfois déçu
Un coup, dessous un coup dessus
Sous le coton, mettons
Nos viandes au torchon
Et dormons comme des massues
Quand je regarde à ton insu
Tes seins valser sous le tissu
Sous ton jean en coton
Dansent deux mamelons
Quand, tu fais des huit avec ton cul.
On s'est aimé (Rémo Gary / François Forestier)
On s'est aimé comme des bébés
On s'est aimé comme du p'tit lait
Quand on s'appuyait sur le nez
C'était de l'amour qui coulait
On s'est aimé comme un sandwich
On s'est aimé comme des copains
L'amour Méridien de Greenwich
Entre deux hémisphères de pain
On s'est aimé par addition
Je pose moi, je retiens tu
On s'est emmêlé les crayons
L'amour est un zéro pointu
On s'est aimé comme des bossus
Quand tu faisais le complément
Comme la terre quand il a plu
J'étais bien dans ton élément
On s'est aimé par gourmandise
A pleines dents, comme des dingues
Comme un gâteau sur la cerise
Comme un baba, comme un poudingue
On s'est aimé par addition
Je pose moi, je retiens tu
On s'est emmêlé les crayons
L'amour est un zéro pointu
On s'est aimé comme cochons
Aimé comme chemise et cul
On s'est aimé comme des cons
On s'est aimé comme on a pu
On a fait la bête à deux dos
Je te retiens, je pose tout
On s'est aimé comme des marteaux
Un peu comme un et un font tout
On s'est aimé par addition
Je pose moi, je retiens tu
On s'est emmêlé les crayons
L'amour est un zéro pointu
On s'est aimé par addition
Je pose moi, je retiens tu
On s'est emmêlé les crayons
L'amour est un zéro pointu
Idylle sanglante (Jean Richepin / Rémo Gary)
Ah! ah! voulez-vous-t-y l'histoire
D'la Margot et du grand Frisé ?
Oh! oh! l'Frisé aimait à boire :
Margot itou, mais d'l'autre coté.
Margot mit sa cotte et ses bas,
Et s'en alla, là-bas, là-bas.
Ah! ah! c'était sous l'blé en meule
Qu'Margot choutait l'autre, son amant
Oh! oh! l'Frisé , du vin plein l'gueule,
Vint près d'la meule au bon moment
Sa cotte troussée plus haut qu'ses bas
Margot riait là-bas, là-bas.
Ah! ah! qu'elle disait comme c'est farce !
Mon cocu s'emplit, j'peux m'emplir.
Oh ! oh ! cria l'Frisé ma garce
Tu es trop chaude, J'vas t'refroidir
Margot j'ta sa cotte sur ses bas
Et s'ensauva là-bas, là-bas.
Ah ! ah ! l'amant qu'était point brave,
Laissa Margot avec l'Frisé.
Oh ! oh ! l'Frisé mâchant d'la bave,
Tira son eustache raiguisé.
Margot sur sa cotte et ses bas
S'empiergeonna là-bas, là-bas.
Ah ! ah ! la pauvre Margot la belle,
Elle eut dans le cou le couteau
Oh ! oh ! l'Frisé guincha sur elle,
Et puis s'lava les pattes dans l'eau.
Margot sur sa cotte et ses bas
A mis du sang, là-bas, là-bas.
Ah ! ah ! dit l'Frisé te v'là morte !
Et l'grand niquedoule s'mit à pleurer
Oh ! oh! qu'il chialait faut qu'j'emporte
Un bout d'souv'nir pour l'adorer.
Et prenant la cotte et les bas,
Il est parti là-bas, là-bas.
Ah ! ah ! personne sait ce qu'il fiche
Depuis qu'il roule par les grands ch'mins.
Oh ! oh ! p't'êt qu'il est merlifiche
Va-trop d'chartier, ou tend la main.
Mais il a la cotte et les bas
Pour s'consoler là-bas, là-bas.
Mais il a la cotte et les bas
Pour s'consoler là-bas, là-bas.
La nuit (Rémo Gary / Jean Andréo)
Quand la nuit me reprend, je coule
Je m'endors avec les marins
Je me vide et je me dessoûle
De ce que je ferai demain
Quand la nuit me reprend, je plonge
La mer est sans sel et sans eau
Une mer saturée d'éponges
Toute noire comme les tableaux
Quand la nuit me reprend, je crache
Les couleuvres avalées la veille
Je m'envole avec les apaches
Une plume derrière l'oreille
Quand la nuit me reprend, je glisse
Sur un toboggan malicieux
J'entends parfois la voix d'Alice
Et le réveil du lapin bleu
Quand la nuit me reprend, je chante
Un peu moins fort, un peu plus vrai
J'imagine tout et je plante
Le décor d'un concert muet
Quand la nuit me reprend, je saute
Dans des godasses de géant
Je vole avec les astronautes
Signe particulier néant
Quand la nuit me reprend, je verse
Dans l'indifférence et l'oubli
Je vois le monde à la renverse
Et je le trouve plus joli
Quand la nuit me reprend, je sombre
Quand je fais le plein d'idées noires
Je vois revenir quelques ombres
Qui s'arrachent de ma mémoire
Quand la nuit me reprend, je plane
Je fume l'atmosphère filtrée
D'un gros nuage de havane
Je respire à grosses bouffées
Quand la nuit me reprend, je t'aime
Pour quelques plaisirs incongrus
Dans mon hypothétique harem
Tu ris à chaque coin de rue
Quand la nuit me reprend...
Partir en voilage (Rémo Gary - Marc Wolff / Rémo Gary)
Ce jour-là, on quittera le vieux contingent. Partira en voilage sur un grand bateau à toile, partira en croisette sur un trimarin, transpercera tout l'océan, ira jusqu'au bout de l'atlas, jusqu'à la Crète, fera couler de l'encre en Austrasie et en Afrique centriste. Franchira l'équidistant et de fil en anguille, jusqu'à l'épaule, jusqu'à l'épaule sud. Une fois sur glace, sur la banquette, se dira des exquis mots. Aura chaud dans nos fourrures en peau de froc. Avec des si, brisera la glace pour casser la croûte. Avec des si pêchera quelques boissons. Avec des si mettra nos Paris en bouteilles.
Aura un grand traînard, tiré par des canigous. Restera six mois au soleil de minuit, sera toujours l'heure de l'ice - cream. Tu me feras plein de petits glaçons, des glaçons très Chantilly, bien léchés.
Attendra la ponte, la ponte des neiges, et toute la famine remontra l'océan pacifié à la nage, avec tous les barbots, jusqu'à la terre de jeux. Rejoindra la cordelette des anges et la Colombine, là ou ça tropique. La Colombine, c'est pas le Pierrot. En parcourant le lexique apprendra tout. Passera par tous les états et fatigués, retrouvera notre raison comme l'avait laissé. Aura des chansons plein la tête, des chansons de marins.
Le fond de l'air est gris (Rémo Gary / Jean Luc Peilhon)
Il fait froid le fond de l'air est gris
Tu lances des bouteilles à la vie
Des messages de tendresse
Ecrits sans laisser d'adresse
Tu bois tous les S.O.S.
T'es dans la bibine
T'es dans la débine
Il fait froid le fond de l'air est gris
Il fait froid le fond de l'air est gris
Tu fais les bistrots d'ta rue
Soldat ta guerre est perdue
Trottoirs de Paname
Sur le macadam
Il fait froid le fond de l'air est gris
Il fait froid le fond de l'air est gris
Tu lances des bouteilles à la vie
Tu couches dans ta chemise
Tu t'endors dans ta valise
T'as plus de port, de balise
T'as le corps en rade
T'es dans la panade
Il fait froid le fond de l'air est gris
Il fait froid le fond de l'air est gris
Tu fais les bistrots d'la ville
Soldat ta guerre est civile
Y'a personne dehors
Q'un homme à la mort
Il fait froid le fond de l'air est gris
Il pleut (Rémo Gary / Joël Clément)
Il pleut, sur les flaques, sur les fontaines
Sur les parapluies, les baleines,
Les nuages pissent leur peine
Il pleut comme une madeleine,
L'eau d'ici nous fait des orages
L'au-delà nous vend ses mirages,
On parle du temps, on s'ennuie
C'est emmerdant comme la pluie, il pleut
Il pleut, partout ça fait des ronds
Ça fait des yeux dans le bouillon,
Ici les gouttières s'engorgent
Les chats ont des chats dans la gorge,
Il mouille sur tout ce qui bouge
Ça baptise mon verre de rouge,
Il pleut des idées pour demain
Ça met de l'eau à nos moulins, il pleut
les cumulus envoient leurs douches
L'égout a de l'eau dans la bouche,
Les grenouilles dans les bocaux
Grimpent jusqu'au dernier barreau,
On a réveillé Jupiter
Le bureau des pleurs est ouvert,
Le monde est triste, le monde est noir
Il n'a que les cieux pour pleuvoir, il pleut
Il pleut des larmes de croco
Sur des chaussures d'aristos,
C'est du chagrin de crocodile
Quand l'eau dort sous les ponts des villes,
Le ciel a fait donner sa flotte
Et l'on entend des bruits de bottes,
Il tombe de l'eau de boudin
Un temps de cochon ce matin, il pleut
Le ciel a fait donner sa flotte
Et l'on entend des bruits de bottes,
Il tombe de l'eau de boudin
Un temps de cochon ce matin, il pleut
Plus il y a de fous (Rémo Gary / Marc Wolff)
Voleurs d'aventures, de voyages
Esprits enfroqués, culs bénis
A mettre des voiles aux visages
A jeter l'amour aux orties
Vous nous gâchez l'paysage
Voleurs de filles dans les nids
Vous nous gâchez l'paysage
Voleurs de filles dans les nids
Les voiles c'est pour les bateaux
C'est pour le vent, c'est pour les flots
Faut s'aimer tant que c'est permis
Plus il y a de fous, moins on rit
Voleurs d'aventures, de voyages
Marchands de canons, de fusils
A mettre l'avenir en cage
A jeter des corps aux orties
Vous nous tuez l' paysage
Marchands de mort à crédit
Vous nous tuez l' paysage
Marchands de mort à crédit
Les canons c'est pour les bistrots
C'est pour boire beaucoup, boire trop
Saoulons nous tant qu'c'est permis
Plus il y a de fous, moins on rit
Voleurs d'aventures, de voyages
Marchands de vent, de paradis
A mettre nos méninges en cage
Jeter la raison aux orties
Vous nous pensez l' paysage
Et l' horizon rétréci
Vous nous pensez l' paysage
Et l' horizon rétréci
Les idées c'est pour les cerveaux
Pour inventer du nouveau
Faut rêver tant qu'c'est permis
Plus il y a de fous, moins on rit
Les voiles c'est pour les bateaux
C'est pour le vent, c'est pour les flots
Faut s'aimer tant que c'est permis
Plus il y a de fous...